Tapuscrit Frédéric Dard pour l’avant-propos du livre Les lunes rousses

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Dépot légal : septembre 1987

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Louis Scutenaire, le grand poète surréaliste belge, nous a quittés le 15 août 1987 et son éditeur a demandé alors à Frédéric Dard d’écrire un avant-propos pour le livre Lunes rousses publié fin 1987.

Le tapuscrit de 5 pages de cet avant-propos, qui est un hommage chaleureux rendu à Louis Scutenaire, a été envoyé au responsable éditorial du Dilettante avec un mot manuscrit de Frédéric Dard s’excusant pour l’état du texte (il avait en fait renversé du café sur la 1ère page) et lui demandant de corriger les fautes d’orthographe assez nombreuses (Frédéric était bien conscient de sa faiblesse dans ce domaine).

 

 

 

 

 

 

 

L’étude des corrections manuscrites apportées par Frédéric Dard à ce document est très intéressante car elle permet de voir comment il arrivait simplement à améliorer un texte déjà très bien écrit.

Frédéric Dard a fait allusion à Louis Scutenaire dans deux San-Antonio :
L’année de la moule , page 156
« Avant de céder le terrain à la sottise cavalcadante, je vais te citer un admirable, un que j’aime, un qui détient. Un presque ignoré, tellement grand qu’on ne voit plus son ombre; tellement belge qu’on n’y prête pas attention; tellement à moi que je peux te l’offrir: Louis Scutenaire, Bruxelles, France. Il a écrit, entre z’autres: « Je vais vous dire le présent, le passé et l’avenir: votre cul pue, il a toujours pué, il puera toujours.» Merci, seigneur Scutenaire de nous informer. Le véritable enseignement consiste à apprendre aux gens ce qu’ils savent déjà, d’instinct. Pitié pour ceux qui jamais ne sauront. »

Poison d’Avril ou la vie sexuelle de Lili Pute
« ‘Une fois mort, on se nourrit de soi-même’, comme dit mon cher Scutenaire, qui aura fait davantage pour la Belgique que le roi Boudin et Eddy Mec réunis. Et il dit encore, ce cher vieux génie belge : « L’âge use la laideur, comme il use la beauté ». (…) lui, le grand sage à la bienveillance féroce qui règne sur Bruxelles, et les Bruxellois l’ignorent. La meilleure histoire belge, je vais te la dire, c’est la plus terrifiante de toutes : « Il est une fois Scutenaire et les Belges n’en savent rien ». Et les Français non plus. (…) Il dit tout, mais par brèves giclées, Scut. Il sait la vie, la mort, l’avant, l’après (…), l’amère patrie, le surréalisme, les frites, les cons, les mœurs, les larmes et la façon dont, chez lui, il doit éteindre au rez-de-chaussée avant d’éclairer au premier pour ne pas faire sauter le compteur électrique. »
Cet extrait a d’ailleurs été repris dans le n°33-34 de la revue Plein Chant.

Il lui dédiera aussi Histoires déconcertantes et fera aussi une place belle à ses citations en tête de nombreux San-Antonio : Les Con, Si ma tante en avait, Le hareng perd ses plumes, Allez donc faire ça plus loin, Vol au-dessus d’un nid de cocu et Poison d’Avril.

Un énorme merci à l’ami Daniel Engels qui m’a envoyé les scans de ce tapuscrit.

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