Le mari de Léon

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Edition : Fleuve Noir

Dépot légal : novembre 1990

Imprimeur : Société Nouvelle Firmin-Didot, Mesnil-sur-l'Estrée

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Le mari de Léon back342 pages de format 15,3X24
Prix : 120 F
Illustration 1er plat : Nicollet
Dédicace : A Joséphine

Ce livre raconte l’histoire d’un ver de terre amoureux d’une étoile. Le ver de terre s’appelle Léon. L’étoile s’appelle Boris.
San-Antonio

Voici venu le temps des monstres méchants
Non, il ne s’agit pas ici du mariage pour tous, nous sommes en 1990, ce n’est pas à l’ordre du jour. Sous ce titre un peu racoleur se cache cependant le récit d’une histoire d’amour entre deux hommes, ou plutôt, comme l’annonce le sous-titre, une histoire d’amitié avancée : si Léon, le comédien raté, l’homme de main, le confident, aime, admire, vénère Boris, le dramaturge et comédien beau, talentueux, génial, il n’existe pas d’attirance physique entre eux et les deux ne se privent pas d’honorer les dames.
Les personnages de Frédéric Dard, souvent hors normes, sont ici monstrueux et terriblement antipathiques : Boris est égoïste, cynique, il humilie ses comédiens et largue sa femme de la façon la plus odieuse. Léon, lui, commet quelques exactions, s’occupe avec détachement de sa femme devenue légume après un accident de voiture, n’intervient pas lors d’un suicide, viole sa jeune belle-sœur et veille à garder sa place privilégiée auprès de son idole. Quant à la belle-sœur en question, farouchement déterminée à séduire Boris, elle n’a rien à envier aux deux hommes.
Paru un an après «La vieille qui marchait dans la mer», «Le mari de Léon» partage avec le premier la signature trompeuse de San Antonio. Or, nous ne sommes pas du tout dans l’univers cocasse et rabelaisien des Sana. Nous sommes sur l’autre versant, côté ombre, de la personnalité de l’auteur : voilà un roman d’une grande noirceur, totalement désespéré, aux personnages ignobles. Oh, bien sûr, on reconnaît la patte de l’auteur, des réflexions profondes, de la tendresse (un peu) et un style qui tient la route. Quelques passages charnels chers à Frédéric Dard ponctuent le récit, mais sans la truculence et le démesuré des Sana, ils sont malheureusement teintés d’une vulgarité mâtinée de machisme.
Critique par Lison, le 29 septembre 2014 (Inscrite le 6 février 2014, 65 ans)

Deux monstres et un amour fou
Il y a les fans, qui les achètent tous, les « San-A « . Il y a les autres, qui ont du mal à aimer ces histoires plutôt cruelles, plutôt machistes, et à lire cette prose verte, inventive mais souvent approximative dans sa rapidité. Et il y a tous ceux qui, sans exclusive, s’offrent, de temps en temps, une plongée dans l’univers bien noir de ce faux dur qui signe, parfois, Frédéric Dard, de gros romans sociologico-sentimentaux qui se donnent des airs de brûlots provocants et cachent des monceaux de tendre désespoir. Ceux-là pourront s’aventurer aux côtés du « Mari de Léon  » même si, bizarrerie ou petite tromperie, il n’est pas signé Dard, mais San-Antonio.
Ils y découvriront, sur fond de tout-Paris vaguement à clé, (Frédéric Dard, on le sait, collabore beaucoup, depuis toujours, avec Robert Hossein, et connaît bien le monde du théâtre et celui du cinéma) une déchirante histoire d’amour qui finit mal. Et ce n’est pas parce qu’elle se déroule entre deux hommes, la star et son confident, qu’il faut ricaner: il n’y a pas ici l’ombre d’une équivoque.
Léon aime Boris, d’amour, parce qu’il l’admire, qu’il le trouve beau, doué, généreux, drôle, inventif, hors-normes, génial, en somme. Mais jamais, au grand jamais, il n’a été tenté de l’aimer physiquement. Il sait honorer les dames (notamment celles que lui refile le grand Boris, pour qu’il les lui prépare, parfois, on voit le haut degré de délicatesse du personnage et de son scribe, San-Antonio est toujours ce qu’il est) et se contente, simplement, de veiller à ce que son Boris ne tombe pas véritablement amoureux. Parce qu’alors, sa place auprès de lui serait menacée…
Deux personnages ignobles et pitoyables
A vrai dire, cette histoire d’amour qui se termine mal a aussi, surtout, son côté ombre: Boris le dramaturge-metteur-en-scène-comédien d’origine russe, la voix rauque, le corps toujours svelte de quinquagénaire toujours habillé de blousons (d’astrakhan, c’est un vêtement fétiche) peut être un monstre, d’égoîsme, d’insensibilité, de cynisme. Il suffit de voir comment il largue Nadia, sa femme, comment il humilie ses comédiens, comment il traite les candidates, nombreuses, qui lui paraissent susceptibles de s’allonger le temps d’une courte étreinte sur son canapé ou le divan de sa loge.
Mais Léon, l’ami d’adolescence, le comédien moins doué, l’homme de main, le secrétaire, le maître d’hôtel, le pourvoyeur de chair fraîche et de vieilles maison en ruines dont les chambres à l’abandon servent de modèle aux décors de la pièce en cours de gestation, Léon aussi est un monstre. Qui laisse froidement les suicidaires se suicider, saute sur les pucelles et les viole, et traite sa femme, devenue légume après un terrible accident de voiture, avec le détachement d’un mécanicien devant son robot. Pourtant, Boris est capable d’amour, fou, et Léon, de désespoir, tout aussi fou.
Deux monstres à la fois ignobles et pitoyables: tout Dard est là, dans un romantisme bien noir, bien grinçant mais, finalement, bien mélodramatique derrière la provocation nauséeuse. Drôle d’homme, et drôle de roman, qu’on ne parvient pas à quitter avant de l’avoir terminé.
Annie Coppermann – Les Echos du 02/01/1991

Ce roman a été porté à l’écran dans une réalisation de Jean-Pierre Mocky en 1993 avec le même titre que le livre.

Un bandeau vantant le livre et le film a entouré certaines rééditions du livre après la sortie du film.

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