N°79 de décembre 1953
68 pages de format 18 sur 24,5 cm.
Prix : 120 frs
Ce numéro propose, dans la rubrique C’est arrivé demain (page 62), un texte de Frédéric Dard portant le titre « Bel Ami, projection théâtrale du roman de Maupassant ».
Dès la première ligne, Frédéric Dard expose la raison pour laquelle le roman de Guy de Maupassant lui tient à cœur : « Bel Ami garde surtout la valeur d’un témoignage sur une époque qui nous fait rêver ». Bel Ami est un personnage séduisant, complexe, pouvant être envisagé sous différents contours. L’adaptateur estime qu’aux yeux des lecteurs étrangers un tel personnage « continue à symboliser le Français dans ce que celui-ci peut avoir de gracieux et de suspect, de charmeur et de combinard ». Toutefois, Frédéric Dard préfère lui reconnaître « une qualité bien française et qui arrondit les angles de ses défauts : il est sincère ».
Dard fait l’éloge du comédien Frank Villard (1917-1980), « conçu et mis au monde pour jouer ce personnage là », et dévoile les noms de quelques acteurs (« des acteurs de classe »), parmi lesquels Huguette Duflos, André Valmy et Joelle Bernard.
Créée le 20 janvier 1954 (et non vers le 15, comme l’annonce l’article), en 2 actes et 8 tableaux, la pièce Bel Ami est jouée au Théâtre de la Renaissance. Jean Darcante (1910-1990), directeur du théâtre, se charge de la mise en scène (« un travail énorme sous le signe de l’originalité et de la légèreté », selon Frédéric Dard).
A noter : la photographie publiée en regard du texte est un extrait de celle qui figure déjà dans Paris-Théâtre n°78 du mois précédent. Cette photographie représente Frédéric Dard travaillant avec Raymond Rouleau à l’adaptation de La neige était sale en 1950.
Dans le programme de la pièce, publié en 1954, Frédéric Dard revient sur la fascination qu’exerce un personnage tel que Bel Ami : « Bel Ami est un très grand personnage […] Une telle figure, si puissamment dessinée, ne pouvait que tenter un adaptateur ». Se remémorant sans doute son expérience éprouvante avec Simenon lors de l’adaptation de La neige était sale, Frédéric Dard tient à apporter un éclairage, effectuer une mise au point sur ce mot : « Je sais tout ce que ce terme d’adaptateur peut avoir de subalterne et de péjoratif. Il est téméraire de vouloir transmuter un roman en pièce de théâtre. Aussi ai-je accompli cette tâche avec plus de scrupule que d’ambition. Mon principal souci a été d’être fidèle. Fidèle à Bel Ami ! ». Il importe avant tout de ne pas trahir l’œuvre originale.
Un grand merci à l’ami Julian Jaunay pour avoir déniché ce texte de Frédéric Dard et avoir écrit les commentaires ci-dessus.