Les doigts dans le nez

Genre(s) :

Epoque(s) :

Edition : Fleuve Noir

Dépot légal : 4ème trimestre 1956

Imprimeur : Imprimerie Foucault

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Fleuve noir Spécial Police n°108
Non massicoté
Prix : FRS 225 B.C.
Dessinateur 1er plat : Michel Gourdon
Les doigts dans le nez back
Dédicace : A Jeanine et à Roger.
S.A.

Il se soulève, prend sa chaise et me l’abat sur le crâne. Aussi fastoche que je viens de vous le dire. Mon bras paralysé par le coup de poêle à frire n’a pas eu la force de se lever pour braquer le soufflant. Je biche le siège en pleine bouille et illico je me trouve inscrit au barreau. Ça se met à tourniquer autour de moi. J’essaie de me cramponner à la table, mais des nèfles ! Je vais à dame. Le couple de petits rentiers tranquilles me saute alors dessus et fait une danse incantatoire sur ma personne.

Certains personnages littéraires deviennent des images de la culture populaire, C’est le cas pour le policier créé par Frédéric Dard, San-Antonio. Pourtant, il n’est pas rare de connaître le personnage sans avoir jamais lu les romans mettant en scène le commissaire. Lacune réparée, avec cette aventure qui plonge San Antonio dans les périodes troubles du début de la seconde guerre, entre espions et contre-espions.
Ce qui est très agréable dans la lecture de San-Antonio, c’est de découvrir l’inventivité de l’auteur, qui parsème son récit d’argot, de figures de style improbables et de comparaisons absolument décapantes. Non seulement les personnages sont hors-norme, comme San-Antonio, flic qui a pour unique objectif de découvrir qui est celui dont on a découvert le cadavre décomposé dans un voiture abandonnée sur un terrain vague, et qui utilisera tous les stratagèmes en sa possession pour y parvenir, mais le style fait beaucoup dans cette impression de démesure, de burlesque. Ainsi, le héros n’hésite pas à prétexter un voyage en amoureux à Grenoble avec une femme rencontrée depuis peu, pour en fait plonger dans cette histoire sur les lieux même de l’intrigue.
San-Antonio est un commissaire qui joue avec les limites imposées par ses supérieurs, ce qui lui permet ici d’avoir toujours une longueur d’avance sur l’enquête. Mais il prend des risques, et manque de se faire étrangler dans une petite demeure isolée de la campagne savoyarde. L’intrigue policière reste cependant secondaire, face aux efforts déployés par Dard/San Antonio pour pimenter son récit.
Voici deux petits exemples du style de Frédéric Dard, le premier dans lequel il évoque un militaire avec lequel il a rendez-vous :
« Ce gnard doit être un sang bleu… Il s’exprime avec courtoisie, mais sans descendre de sur ses grands chevaux… Un rescapé de 89 quoi ! Un des pensionnaires du Temple qui n’est pas resté sur le carreau ».
Et lors d’une drague improvisée à la caisse d’un cinéma :
« La caissière est pliée en deux sur son tiroir. Elle se bidonne (comme dirait Fellini).
C’est bon signe. Lorsque vous faites poiler une femme, vous êtes prêt d’obtenir d’elle l’opération inverse. »
Deux exemples qui sont assez à l’image de l’ensemble de l’ouvrage : un langage fleuri, souvent drôle, parfois facile, mais qui permet de passer un moment agréable. Il est vrai que Frédéric Dard fait aujourd’hui l’objet d’une petite réhabilitation par le monde des critiques, et il ne serait pas étonnant que des auteurs actuels, s’inscrivant dans cette veine, soit aujourd’hui dénigré avant de passer ensuite à la postérité. Ah, qu’il est difficile d’être reconnu par ses contemporains, et Dard en a fait l’expérience ! Malgré tout, je ne suis pas assez convaincu pour me plonger dans les oeuvres complètes du commissaire.
Lu dans le cadre du challenge San Antonio organisé par Daniel Fattore

On trouvera aussi dans Mystère Magazine n°108 de janvier 1957 une critique très positive d’Igor B. Maslowski au sujet de ce roman.

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