La dragée haute

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Edition : Fleuve Noir

Dépot légal : 4ème trimestre 1955

Imprimeur : Imprimerie Foucault, Kremlin-Bicêtre

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La dragée haute backCollection Spécial-Police n°84 avec haut non massicoté.
Prix : 225 FRS B.C.
Dessinateur 1er plat : Michel Gourdon

Dédicace : A Maurice Renault
des deux mains.
K.

La dragée haute, signé d’un pseudonyme reconnu de Frédéric Dard, Kaput, est le 2ème d’une série de quatre ouvrages consacrés aux mémoires d’un dangereux criminel dénommé Kaput. Ecrit à la première personne, entre argot d’époque et néologismes, le style ressemble à celui de San Antonio, première époque, mais sans les grandes envolées et les notes en bas de pages, sans l’humour parfois ravageur. Pourtant parfois Frédéric Dard semble oublier ce style propre à Simonin et Ange Bastiani pour revenir à sa propre écriture, et l’on retrouve le Frédéric Dard parfois désabusé.

Dans La dragée haute, Kaput est en Italie, obligé de s’exiler les policiers français ayant lancé un avis de recherche à son encontre. Il est quasiment sans le sou dans Venise qui compte encore de nombreux touristes en cette fin de saison estivale. Il aimerait trouver sur son chemin une Anglaise pour la simple et bonne raison que, d’une façon générale, elles sont plus fastoches à allonger que les autres.
Kaput a faim et il rêve, regardant les pigeons en les imaginant sans leurs plumes sur un lit de petits pois. Il fait même le geste d’émietter du pain afin de les attirer lorsqu’une voix lui demande s’il est Français puis le sollicite pour le prendre en photo en compagnie des volatiles. Et c’est ainsi qu’il fait la connaissance de Robert Rapin, célibataire, dont le père est décédé il y a peu, et qui depuis traîne son ennui, et son argent, en Italie afin de se changer les idées.
Robert lui propose d’aller prendre un apéritif, puis l’invite à dîner, lui prête même de l’argent, entre compatriotes n’est-ce pas, afin de régler son hôtel, et rendez-vous au lendemain. Dès potron-minet, le lendemain matin Robert frappe à la porte de la chambre de Kaput et lui offre une balade en mer. Une aubaine pour Kaput, car décidément il ne sent pas Robert. L’homme est trop suave, trop doux, trop entreprenant à son goût. Kaput préfère les femmes et se faire draguer par un homosexuel, un pédé comme il dit, une fiotte comme les virils aimaient désigner leurs congénères au mœurs contraires, ce n’est vraiment pas son truc. Alors, profitant d’un arrêt sur une plage déserte, pause qu’il a provoquée, Kaput tue son conducteur avec une grosse pierre, le défigurant, brûlant ses habits non sans avoir au préalable prélevé les pièces d’identité ainsi que l’argent. Voilà qui lui promet de beaux jours.
Direction Bologne, dans la bagnole, pardon dans la voiture de Robert, une Alfa Roméo ça se respecte, et comme à son âge il a des besoins, Kaput remarque une jeune femme peu farouche. Pas besoin de chambre d’hôtel pour ce qu’ils ont à faire et la jeune femme semble aimer ce qu’il lui prodigue en guise de caresses. La déconvenue se traduit après le départ de sa passagère par l’envol de son portefeuille et d’une grande partie de son argent.
Puis c’est le retour en France et l’installation à Menton où il loue une petite villa, grâce au carnet de chèques du défunt Robert. Et comme il faut bien passer le temps, il se rend au casino où il repère l’étrange manège d’une jeune femme qui possède un truc presqu’infaillible pour gagner à la roulette. Herminia, c’est le prénom de la belle tricheuse, ne s’affole pas lorsqu’il lui annonce qu’il a découvert sa façon de procéder, et de fil en aiguille, les voici ensemble dans la villa. Kaput est comme le Loup de Tex Avery et Herminia ne semble pas indifférente à son charme. Seulement leur lune de miel est interrompue par l’arrivée impromptue d’un certain Bouboule, surnom donné par Kaput à ce petit homme rondouillard, qui réclame sa part. En effet il avait monté en compagnie de Robert un casse qui s’était soldé par une manne de vingt briques, mais Robert n’avait pas joué le jeu.
Evidemment Kaput ne peut que se débarrasser de Bouboule, enfin c’est Herminia qui s’en charge, et il leur faut trouver un moyen pour récupérer le magot. Et les morts vont parsemer le chemin de Kaput. Ainsi que les déconvenues, car lorsqu’il pense arriver au but, il n’est face qu’à une énorme déception.
Blog Les lectures de l’Oncle Paul

En prélude, on trouvera un avertissement au lecteur intéressant qui précise que le but de ce roman n’est pas d’exalter le crime et l’amoralité.

Avertissement au lecteur La dragée haute
Igor B. Maslowski, qui n’avait déjà pas aimé le premier roman de cette série, La foire aux asticots, maintient sa position quant à ce 2ème épisode et a rédigé une critique sévère dans Mystère Magazine n°96 de janvier 1956.

En octobre 2020, Yvon Bouëtté a publié une chronique de ce 2ème épisode de la série dont le texte est repris ci-dessous :
Note : 4,5/5.
Kaput est sans un sou à Venise. Il fait la connaissance d’un français charmant, trop charmant pour ne pas avoir d’arrière-pensée. Cet homme se nomme Robert Rapin, il est riche et pas radin. Ils partent tous les deux pour Bologne dans la belle voiture de Robert. Un seul arrivera, l’autre sera tué. Il aura la tête écrasée pour le rendre méconnaissable, les mains brûlées pour effacer ses empreintes digitales. Kaput lui fait les poches, prend son argent et son identité. Mais une belle fille de passage, après une partie de jambes en l’air torride fait main basse sur son magot. Un prêté pour un rendu.
Kaput, désormais Robert Rapin, rentre en France, loue une maison à Menton et met la main sur la fortune de sa victime. La belle vie ?
Elle ne va durer qu’un moment, car chercher la femme, mais c’est elle qui le cherche. Un soir, il remarque, au casino, à la table de la roulette une rousse incendiaire (les rousses sont toujours incendiaires), très belle femme, qui triche avec un certain doigté. Il lui dit qu’il a remarqué son manège. Elle passe le voir le lendemain matin, se présente Herminia et lui propose de s’associer, et ils inaugurent cela au lit !
Mais un autre personnage va interrompre le conte de fée ! Un dénommé Bouboule, sale type à tous points de vue. Il connaissait Robert Rapin, le vrai, et celui-ci lui doit une très grosse somme d’argent, suite à un transport de drogue, et il désire récupérer sa part ! Il est persuadé que Kaput possède ces millions, mais celui-ci n’était pas au courant de cette embrouille entre eux !
Commence alors une course au trésor semée d’embûches, de trahisons et de cadavres !
Une fin un peu morale et un beau geste de Kaput qui prouve qu’il n’est pas uniquement un fauve.
Les personnages habituels de ce genre de romans, des femmes belles, expertes aux jeux de l’amour, mais traîtresses et cupides.
Un gangster minable berné sur toute la ligne et quelques personnages qui sont aux mauvais endroits aux mauvais moments.
Un bon suspense pour un épisode de la série très abouti.
Extraits :
– On trouve toujours à dire à un type qui vous a enviandé de douze millions.
– En guise de réponse, j’ai sifflé la Marche funèbre. Il devait être un brin mélomane car il a pigé. Sa gueule s’est littéralement allongée.
– Les truands de mon espèce sont seuls, seuls depuis toujours et pour toujours… comme tous les hommes seuls, ils ont froid, ils ont peur. Alors ils cherchent à faire payer ses désagréments aux paumés qui les entourent…
– Des tuyaux, une fille pareille n’avait pas de mal à en récolter…
– La môme s’est pointée sept minutes après notre prise de contact. Elle avait une robe imprimée, une veste de tailleur et des chaussettes blanches. Avec ça sur le dargeot, elle se prenait pour l’arbitre des élégances.
– Je me suis assis aux côtés du cadavre et j’ai bu un bon coup de gnôle, non pour me donner du cœur mais parce que j’en avais envie.
– Le soleil mettait d’étranges reflets d’or dans ses cheveux roux. Sa peau ne bronzait pas vraiment, elle était légèrement hâlée et restait délicate…
A retrouver avec d’autres chroniques sur : http://eireann561.canalblog.com/

Ce roman a été réédité une fois au Fleuve Noir avec une parution le 8 avril 1999.

la dragée haute réédition8 avril 1999

Il a aussi été édité 6 fois jusqu’à présent dans une compilation intitulée Un tueur , la dernière édition datant de 2016.

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