Le Maître du « Double Y »

Genre(s) :

Auteur(s) :

Epoque(s) :

Edition : Robert Laffont

Dépot légal : 4ème trimestre 1952

Imprimeur : Brodard et Taupin (Paris-Coulommiers)

Partager :

Partager sur facebook
Partager sur email

253 pages de format 10,8 sur 17,9 cm
Prix : 200 Frs

Ce livre achevé d’imprimer le 1er octobre 1952 est le treizième de la collection Arizona lancée par Robert Laffont en mars 1951.
Cette collection, qui a vocation à regrouper des romans de western américain, comprendra seize titres entre mars 1951 et janvier 1953 parmi lesquels dix auront pour héros Hopalong Cassidy.
Sébastien Japrisot, sous le pseudonyme de Robert Huart (formé à partir du prénom de son ami belge Robert Kanters et du nom de jeune fille de son épouse Germaine Huart), sera le traducteur principal de cette collection avec onze titres à son actif.
Il confiera plus tard à Jean-Marie David-Lebret, maintenant Président de l’Association des Amis de Sébastien Japrisot, que Frédéric Dard avait aussi été sollicité à l’époque pour effectuer des traductions, mais qu’il avait peu traduit car l’éditeur s’était aperçu qu’il s’écartait largement du texte original en inventant des scènes et des personnages.
Après une recherche poussée qui est détaillée dans Talents du Maître Dard, il est apparu que c’était Frédéric Dard qui avait traduit, sous le pseudonyme de Michel Guichard, le roman « Fighting Ramrod » de Charles N. Heckelmann, devenu en français  Le Maitre du « Double Y » .


Ce roman raconte l’histoire de Tom Frazer, contremaitre du ranch « Double Y » appartenant à Margo Nash, qui va s’opposer aux voleurs de bétail qui sévissent régulièrement. Ce qu’il ignore, c’est que son ami Bill Corey fait partie de la bande de voleurs qui est soudoyée par Van Winston, propriétaire du ranch Circle W, qui veut mettre la main sur le « Double Y ».

Il ne faut pas attendre longtemps pour voir des divergences sérieuses entre l’édition originale et la traduction. Dès le milieu de la première page, apparait un texte traduit sans aucun rapport avec l’édition originale.
Ces textes sont donc inventés par Frédéric Dard pour pallier l’incapacité qu’il a de traduire dès que le texte se complique un peu. Frédéric Dard ne maitrise pas du tout l’anglais et a accepté cette traduction uniquement pour l’argent. Les carences en anglais apparaissent à de nombreuses reprises (room traduit par chambre alors qu’il s’agit du salon (living room), cataract traduit par cataracte au lieu de cascade, ride traduit par marcher au lieu de chevaucher, etc…)

On retrouvera ces textes inventés de quelques lignes jusqu’à plusieurs pages consécutives tout au long du roman.
Frédéric ira jusqu’à imaginer au chapitre 6 une rencontre entre Tom Frazer et un personnage totalement inventé Allen Bruce qui occupera 6 pages entières qui sont présentées ici.
Son tempérament de romancier l’amènera aussi à changer la structure du roman :
– Le chapitre 15 de l’édition américaine deviendra le chapitre XIV du roman français.
– Les chapitres 14 et 16 seront réunis pour donner le chapitre XV.
– Les chapitres 17 et 18 deviendront les chapitres XVI et XVII.
– Les chapitres 19 et 20 seront réunis pour donner le chapitre XVIII
– Le chapitre 21 de l’édition américaine qui est le dernier chapitre deviendra le chapitre XIX du roman français.

En résumé, on peut dire que Frédéric n’a en fait gardé que le squelette de l’histoire de Charles N. Heckelmann qu’il a habillé autrement. Le Maitre du « Double Y » est donc en quelque sorte un roman western de Frédéric Dard.

Frédéric n’oubliera pas le western qu’il mentionnera en 1958 dans Les Derniers Mystères de Paris avec ce paragraphe page 333 :
« Des gamins jouaient dans la cour de l’immeuble. L’un d’eux, vêtu en Davy Crockett, lui braqua un revolver sur le ventre en lui ordonnant d’attendre le shérif d’Oklahoma-City pour lui faire sa reddition. Un autre s’approcha, dit qu’il était Hopalong Cassidy et, afin d’identifier l’arrivant, lui braqua en plein visage le faisceau d’une lampe électrique. »

 

Vous aimerez peut-être :