N° 164 de la Collection Spécial-Police du Fleuve Noir.
Prix: 240 Frs
Il s’agit en fait d’une novellisation du film sorti en salle le 11 juin 1958 et réalisé par André Berthomieu avec un scénario et des dialogues de Frédéric Dard.
Ce roman signé par André Berthomieu a été écrit par Frédéric Dard. Et cela ne fait pas débat.
On y trouve une dédicace assez cocasse puisqu’ elle est destinée à Frédéric Dard.
A FREDERIC DARD
qui m’a permis de
« piétiner ses plates-bandes ».
En toute amitié.
A.B.
André Berthomieu (1903-1960) est un cinéaste français qui débuta en 1928. Ce fut son antépénultième film. Bernard Blier, Philippe Nicaud, Maria Mauban, Pierre Mondy, Robert Dalban, Rosy Varte, Jean Lefebvre, figurent au générique de ce film.
Il est intéressant de lire la quatrième de couverture du roman, présentant le cinéaste :
« La cinquantaine et trente ans de cinéma ! Plus de soixante films et plus de soixante succès commerciaux (c’est-à-dire de vrais succès). Berthomieu, c’est l’esprit, l’ironie, la gouaille sur pellicule. On lui doit la découverte cinématographique de gens comme : Bourvil, RoberLamoureux, Jean Richard, Darry Cowl ! Entre autres ! Et maintenant, le voici tenté par le genre noir. Il nous raconte son histoire à sa façon, c’est-à-dire le revolver au poing, mais le sourire aux lèvres. Et s’il nous fait trembler, il a à cœur toutefois de nous amuser quelque peu au passage, simplement en braquant sa caméra sur une faune pittoresque dont il sait dégager toute la poésie. Voilà pourquoi “En légitime défense” ne ressemble pas aux autres films noirs. Tous ses personnages, bons ou mauvais, les tueurs y compris, sont made in France.»
Voici un survol de l’intrigue de “En légitime défense”…
Fin des années 1950. Pierre Lambert, dit Pierrot, tient un bar dans le quartier de Pigalle. C’est un honnête commerçant, apprécié de ses clients et amis, pas un truand. Sa maîtresse Dora est danseuse dans un proche club select, La Nouvelle Ève. Gustave Martinet, le meilleur ami de Pierrot, est inspecteur de police. Ils ont fait la guerre ensemble. Comme tous les établissements de Pigalle, celui de Pierrot subit le racket d’Albert-le-Caïd et de sa bande. C’est le gros Bob qui passe régulièrement à l’encaissement. Il annonce à Pierrot que les tarifs ont augmenté. Pierrot n’accepte pas. Si Albert n’est pas content, qu’il vienne s’expliquer avec lui.
En effet, Albert et son complices s’invitent un soir au bar de Pierrot. Ils se montrent menaçants, y compris envers la clientèle. Bien que freiné par Dora, Pierrot réagit. Il récupère dans son tiroir-caisse le pistolet prêté par Gustave. Se sentant en danger, il abat Albert-le-Caïd. Dora supplie Pierrot de fuir. En tant que policier, Gustave est impliqué dans l’enquête qui s’ensuit. Convaincre Dora qu’elle doit conseiller à Pierrot de se constituer prisonnier, pas si facile. La mort d’un truand n’est pas une grosse perte. Son assassin ne risque pas grand-chose. Bob, le second d’Albert, étant sur sa piste, Pierrot se présente chez Gustave :
« Les deux hommes restèrent en tête à tête à deux mètre l’un de l’autre. Puis Pierrot s’avança, tendit la main :
— Tu vois ? L’homme traqué en chair et en os. Je peux tout de même m’asseoir ?
Il se laissa tomber sur une chaise, soupira.
— Je ne t’espérais pas si vite, reconnut Gustave.
— Quel est le programme ? On me guillotine ici ou sur l’évier ?»
Huit mois plus tard, le procès de Pierrot s’annonce bien. Les témoignages, dont celui de Gustave, l’aident beaucoup. Par contre, attitude plus discutable, Pierrot refuse d’admettre qu’il était racketté. Un témoin de dernière minute va jouer en faveur de l’accusé. Mais les motivations de ce témoin ne sont pas si claires. S’il est libéré, Pierrot doit rester à l’abri durant quelques temps. Malgré la protection de son ami policier, Pierrot n’ignore pas que ses adversaires sont aussi dangereux qu’astucieux…
Il s’agit donc d’un solide petit polar, qui restitue l’ambiance des nuits parisiennes et du banditisme de l’époque. L’amitié entre les deux héros (personnages typés, mais pas si caricaturaux) et la menace contre l’un d’eux, servent de moteur à un suspense de bonne qualité.
Le blog de Claude LE NOCHER