Il existe deux cartes postales consacrées à ce film.
Date de sortie : 11 juin 1958
Réalisateur : André Berthomieu
Acteurs : Bernard Blier, Pierre Mondy, Philippe Nicaud, Maria Mauban, Jacqueline Cartier, Gisèle Robert, Robert Dalban, Daniel Cauchy, Rosy Varte, Jean Lara, François Darbon, Jean Lefebvre, Monique Tanguy ,Paul Bonifas, Léonce Corne, Mona Dol, Georges Hubert, Tania Florey , Pierre Doris, Cadet Rivers, Gabrielle Fontan, Bernard Dumaine, Robert Rollis, Émile Genevois, Nono Zammit, Henri Coutet, Albert Médina, Abel Jorès, Jean-Jacques Lesaffre , Monique Tanguy
Scénario : André Berthomieu
Dialogues : Frédéric Dard
Production : Films Paul Wagner, Films René Modiano, Les Films Fernand Rivers, Royalty Films
Deux amis de la dernière guerre, Pierrot, patron de bar, et Gustave, inspecteur à la P.J. sont en contact, par leur métier, avec une bande de racketteurs notoires de Montmartre. Lassé de subir les exigences d’Albert le Caïd, Pierrot, au cours d’une bagarre dans son bar, tue le gangster. Son premier réflexe est de fuir mais, sur le conseil de Gustave, il se livre à la Justice. Il sera, tout compte fait, plus en sureté en prison qu’exposé aux représailles du « milieu ». Pierrot passe aux Assises. Il est acquitté comme ayant agi en état de légitime défense. Mais sa libération le laisse en butte à la vengeance de Bob, un des complices d’Albert. Pierrot échappe de justesse à un guet-apens, mais finalement pourra se débarrasser de la menace qui pèse sur lui, grâce à l’amitié de l’Inspecteur Gustave, et il retrouvera enfin la compagne de sa vie, Dora, qui n’a cessé de trembler pour lui.
André Berthomieu est un cinéaste à la longue carrière qui n’est jamais parvenu à la consécration, plutôt spécialisé dans la comédie légère, En légitime défense est une de ses rares incursions dans l’univers du film noir. L’histoire de ce film est assez simple. Pierre Lambert, honnête commerçant de Pigalle, est victime d’un racket de la part d’Albert le Caïd et sa bande. Lassé de payer, refusant l’augmentation de cette charge indue, il tue Albert dans une querelle provoquée. Sa femme qui est danseuse dans un cabaret lui conseille de s’enfuir. A l’inverse, son meilleur ami qui est policier, lui conseille de se rendre en lui disant de plaider la légitime défense. Il va finir par se rendre. Le procès ne se déroule pas très bien car Pierre ne veut pas avouer qu’il est racketté. Mais il est sauvé in extremis par le témoignage de Bob, un acolyte d’Albert le Caïd. Pierre est acquitté. Il s’interroge sur les raisons de ce témoignage. En fait Bob veut qu’il sorte de prison pour venger Albert. La tentative de Bob pour assassiner Pierre aura une conclusion heureuse grâce au courage et à la détermination de son ami l’inspecteur Martinet.
La trame est simple, bien dans le ton de ce qui se faisait à cette époque dans le film noir à la française. On y voit Pigalle et ses prostituées, les petites danseuses de cabaret, ses gangsters qui jouent à la belote, été ses flics débonnaires. Plutôt bien filmé, le scénario est de Frédéric Dard, bien qu’il ne soit crédité que des dialogues, qui en tirera d’ailleurs un roman sous le nom d’André Berthomieu.
Sans démériter, le film est typiquement un produit de série, il n’y a guère de surprise dans les rebondissements. Le fait que Pierre soit attiré par le milieu de la nuit n’est pas approfondi. Coincé entre la police et la logique du milieu, il a du mal à trouver le juste comportement. On a l’impression d’avoir vue cela sans fois. Le film rappelle un peu Trois jours à vivre de Gilles Grangier où un autre innocent, joué par Daniel Gelin, est menécé par un homme du milieu. Les acteurs sont très bons, à commencer par Bernard Blier, très crédible dans le rôle d’un inspecteur de police, et l’ensemble des truands parmi lesquels on reconnaît Daniel Cauchy, habitué à l’époque aux rôles de demi-sel. On retrouve Robert Dalban dans le rôle d’Albert et Jean Lefebvre dans celui du barman ahuri et amical. Seul Philippe Nicaud semble s’être égaré.
Dans cette période, en plein succès des œuvres de Simonin et de Le Breton, le ton est à la mise en scène du milieu parisien et aux formules argotiques, les dialogues de Dard sont très bons et marquent l’influence justement qu’a eue sur lui sa collaboration théâtrale avec Simonin avec qui il projetait de porter à la scène Le cave se rebiffe. On retrouve ces petits détails sur la vie quotidienne d’un milieu interlope, les repas, le difficile métier de la prostitution. Cependant, le scénario comporte un certain nombre d’aspects niaiseux, notamment dans l’amitié entre Pierre et l’inspecteur Martinet ou encore la partie de pêche, qui nuisent au réalisme de l’ensemble.
Malgré son caractère volontairement de série et son petit budget, le film n’en comporte pas moins quelques idées intéressantes : le témoignage de Bob, ou encore la fusillade dans le parking, Bernard Blier tirant sur une voiture qui remonte vers la sortie, au fur et à mesure que l’ascenseur dans lequel il s’est installé s’élève. Le morceau de bravoure est le procès où la mise en scène essaie de se distinguer par les bons mots du procureur, mais aussi par le défilé pittoresque des prostituées au grand cœur venues témoigner de leur amitié avec Pierrot.
© Blog Alexandre Clément
Un roman éponyme a vu le jour au Fleuve Noir (Collection Spécial-Police n°164) au 3ème trimestre 1958 avec comme auteur André Berthomieu. Mais il est de notoriété publique que c’est Frédéric Dard qui écrivit ce roman.
Un grand merci à l’ami Jean-François Pribile qui m’a signalé l’existence de la carte postale de droite peu courante.