Collection S.A. 46 (n°89 par chronologie)
Illustrateur 1er plat : Photo VLOO – DANTON
Dédicace : A Gilbert SIGAUX, mon ami de
toujours et d’avant, avec ma tendresse.
San-Antonio.
Ben, mon vieux, dans le machin ici présent que voici, il y est pas été a’v’c le dos de la cuiller, le Sana ! Youyouille, tu parles d’un circus, mon n’veu ! Ça carbonise à tout va. Des événements pas banaux, espère ! Quant à ce dont qui concerne les gonzesses, je peux t’résumer en trois mots : dé-gueu-lasse ! Enfin, brèfle, on s’est bien marrés. Je t’en serre cinq.
Le chauve sourit à peine
Dans les locaux de sa récente Paris Detective Agency, San-Antonio reçoit la visite d’un assureur inquiet. Il a en effet accepté d’assurer pour un milliard d’anciens francs la vie de Christian Bordeaux, célèbre comédien. Mais le contrat stipule que ce contrat n’est valable que pour la seule journée du 2 juin. Cette date approchant, l’assureur pressent le coup fourré et demande à San-Antonio de veiller sur son client afin que rien ne lui arrive durant cette mystérieuse journée.
Notre attachement à l’œuvre de Frédéric Dard est tellement évident qu’on nous pardonnera de ne pas avoir apprécié plus que ça cette 89e aventure du commissaire. L’histoire, son traitement, sa construction, sont sans saveur particulière. Le roman commence plutôt bien, avec une succession d’allers-retours temporels, la montée en puissance de l’intrigue, jusqu’à ce fameux 2 juin. Mais après, tout retombe. On a vraiment l’impression que San-A et Béru sont trimballés au gré de l’inspiration vacillante du Maître. En quelques chapitres, on les retrouve travestis en lesbiennes afin d’enquêter sur une île paradisiaque où ne sont acceptées que des femmes (à se demander si ce chapitre n’a pas été écrit que pour justifier le titre), un passage éclair aux États-Unis, un retour sur l’île, et un final bâclé à la Hercule Poirot dans les locaux de l’agence, on a vraiment l’impression que notre San-A ne sait quelle direction prendre.
Des San-Antonio aux intrigues bancales, c’est pas ce qui manque. Mais le plus souvent, elles sont rattrapées par un imaginaire débordant, des situations énormes, des personnages gigantesques, des passages d’anthologie. Mais ici, il faut bien avouer qu’on reste sur sa faim. Au grand dam de Bérurier, voici un titre qui ne restera pas dans les annales. Mais avec le rythme qui était le sien, il était évident que Frédéric Dard ne pouvait nous pondre un chef-d’œuvre quatre fois par an.
Après tout, personne n’est parfait.
Citation
« Le juron qu’il pousse ferait saigner le tympan d’un charretier ivre.
Aussi, lorsqu’il se retrouve en équilibre stable sur le ponton, l’hydraviateur laisse-t-il tomber d’un ton cinglant :
– Si toutes les bonnes femmes se comportent comme des julots, moi je vais finir par embroquer des vaches ! »
Rédacteur: Maxime Gillio mercredi 01 décembre 2010