Collection S.A. 36 (n°87 par chronologie)
Illustrateur 1er plat : Photo Léo AARONS
Dédicace : A Emile HENOCQUE,
compagnon de mes débuts,
en souvenir de notre longue marche.
SAN-ANTONIO
« J’ai longuement hésité avant de publier ce document unique, fuligineux et élégiaque qu’est la vie privée de Walter Klozett.
D’abord parce que la caractéristique essentielle d’une vie privée, c’est d’être privée, justement.
Ensuite, parce que cette vie privée-là ne m’appartenant pas, quoi qu’on ait tenté de faire à ce sujet, j’avais des scrupules furonculeux à la rendre publique.
Mais une existence pareille fait partie du patrimoine humain. La cacher équivaudrait à mutiler une société qui a grand besoin de toutes ses ressources pour ne pas trop ressembler à un mur de chiottes.
Et puis, quoi : il faut bien vivre !
Qu’est-ce que tu dis ?
Ah, bon ! Je croyais… »
Le commissaire San Antonio a fait dévier une dizaine de kilomètres d’une route nationale. Il espère que le piéton qui l’arpente, le mystérieux Walter Klozett, va se décider à être pris en stop par l’un des véhicules banalisés de son équipe qui circulent sur cette route comme s’ils n’étaient que de simples automobilistes. Ce stratagème a été imaginé par San Antonio pour pouvoir poser quelques questions à ce Klozett, emprisonné à tort pour un meurtre qu’il n’a pas commis. L’homme finit par se laisser convaincre de grimper dans la bétaillère choisie par Bérurier et San Antonio, mais celle-ci est aussitôt victime d’un grave accident de la route. Dans le choc, Klozett passe de vie à trépas et San Antonio se fait entraîner dans un cabanon par une furie nymphomane pensionnaire d’un asile d’aliénés, laquelle tente de l’assassiner après avoir satisfait ses bas instincts. Le feu d’artifice ne fait pourtant que commencer ! Beaucoup de gens, en effet, s’intéressent au défunt Walter Klozett…
Abracadabrantesque ! La vraisemblance n’est pas le point fort de cette enquête du célébrissime commissaire San Antonio, mais les fans de la langue inventée par Frédéric Dard, des calembours à tout va et des situations aussi improbables que désopilantes seront rassasiés par ce récit qui mène en bateau le lecteur d’un bout à l’autre. On assiste à une scène d’anthologie où « le vieux », supérieur de San Antonio, lui suggère avec insistance de se suicider pour sauver l’honneur de la police. Pour le reste, il faut trouver le rapport entre le sarcophage de Toutankhamon et la vie privée de Walter Klozett. Tout un programme, donc…
Bruno Ménard.
Délire total
Ce roman, soit on adore, soit on déteste, mais pas de milieu. Il s’agit d’un des plus complexes et étranges San-Antonio. En effet, tout du long, San-Antonio, alors qu’il traquait un certain Walter Klozett (un homme venant de sortir de prison où il a purgé 8 ans pour un crime qu’il n’a pascommis ; San-A doit le ‘cuisiner’ pour comprendre pour quelle raison Klozett a accepté de purger sa peine malgré son innocence, pour qui il a payé en somme), San-Antonio, donc, se retrouve victime d’un accident de voiture invraisemblable dans lequel Klozett aurait trouvé la mort. Il se retrouve, lui, en asile, et va alors plonger dans un cauchemar éveillé, ne sachant vraiment pas s’il a pété les plombs ou si on lui joue un sale tour…
Entre délires et moments de raison, ce roman est très complexe et difficile à suivre, tant on se demande, au départ, où Frédéric Dard veut en venir. Tout s’explique à la fin, rassurez-vous. Mais en attendant, « La Vie Privée De Walter Klozett » est vraiment le plus barge des San-Antonio, 250 pages de délire hilarant et/ou angoissant.
Critique par Bookivore, le 16 octobre 2009