C’est le n° 1 des Confessions de l’Ange Noir.
Il y aura en tout 4 volumes, tous publiés aux éditions de la Pensée Moderne, malgré le fait que ce n’était pas du tout dans le style de cette maison d’édition qui n’en produisit plus jamais après.
Dessinateur 1er plat : Jef de Wulf
Dédicace : A la mémoire de Dillinger, qui en a fait bien d’autres!
L’Ange Noir
Depuis deux ans l’Ange Noir sème la mort dans Chicago, et les poulets ne rêvent que d’une chose : l’épingler.
Aussi, lorsque ce jour arrive, ils bichent comme des poux. L’Ange en prison, c’est le bonheur… sauf pour lui ! Heureusement, grâce à Sissy, sa régulière, une fille qui n’a pas froid aux yeux, il réussit à se faire la belle.
Mais tout n’est pas gagné, car l’Ange doit échapper à la fois aux flics et à une bande de truands. Et ça flingue tous azimuts…
Prière de ne pas oublier son gilet pare-balles avant d’aborder cette hécatombe.
Du San-Antonio avant San-Antonio
A Chicago, un gangster surnommé « L’Ange Noir » roule dans une voiture en compagnie de sa petite amie quand il s’aperçoit qu’il est filé par un autre malfrat. Il a vite fait de lui faire avouer pour qui il travaille. Il s’agirait d’un certain Little Joly, un vieux receleur homosexuel qu’il connaît bien. Mais quand l’Ange Noir arrive au domicile de Joly, il ne découvre que son cadavre. Et pour ne rien arranger, la police lui tombe dessus, l’arrête et le met en prison pour assassinat… Ainsi débute une aventure policière assez échevelée qui verra se succéder évasion, course poursuite, acrobaties, complicités surprenantes sans parler de toutes sortes de coups tordus et de rebondissements divers et variés…
« Le boulevard des allongés » est un texte écrit au moment du démarrage de la série San-Antonio où Frédéric Dard déployait tout son art pour écrire dans le but basique de nourrir sa famille récemment installée aux Mureaux. Dans la lignée des Boudard, Alain Dreux Gallou ou Audiard. C’est à dire avec un style truculent, frondeur, rempli d’argot, de tournures drolatiques et d’images amusantes. Comme il le dira lui-même plus tard lors des rééditions : « Du temps que je la pilais, histoire de me dépanner l’estom’, j’avais pondu cette prose surchoix. Un vrai nectar ! Du San-Antonio d’avant San-Antonio, en somme. Tu vas voir, tout y était déjà : la trouduculence, la connerie, le m’enfoutisme, et même le reste. Surtout le reste ! » A ceci près que l’Ange Noir est un très très méchant truand et pas un commissaire de police de choc et qu’il sème autant de cadavres sur sa route que le petit Poucet de cailloux sur son chemin. Là encore, Dard se montrait précurseur. Il avait déjà dépassé le simple roman noir à l’américaine (enfin dans un dérivé du genre) pour jeter les premières bases de ce qu’on appellerait plus tard thriller. Et avec un tel panache et une telle gouaille que cette histoire de truand flingueur n’a pas pris une seule ride et se lit encore aujourd’hui avec grand plaisir.
Critique écrite par CC.RIDER, le 16 novembre 2013.
Et, plus récemment en avril 2020, Yvon Bouëtté a publié une chronique de cet épisode dont le texte est repris ci-dessous :
Note : 3,5 / 5.
Qu’ils reposent en paix !
Avant d’entrer dans le feu de l’action, quelques amuses-lecteurs. Bien fait pour leurs gueules !
Avertissement aux dit lecteurs, préface et texte de San-Antonio. Et j’allais oublier, un prologue !
Dans ce premier roman de la série, nous découvrons « L ‘Ange Noir ». Début sur les chapeaux de roues. Pour le premier mort, c’est lui le coupable. Pour le second non, mais la police veut lui faire porter le chapeau. Faut pas exagérer quand même!
Reprenons l’affaire (et le roman) au début.
Nous sommes à Chicago. Notre « héros » accompagne sa dulcinée Sissy Mennberg qui va faire une course. Celle-ci remarque qu’une voiture les suit. Erreur mortelle pour le chauffeur qui dit être payé par Little Joly pour l’espionner. L’Ange Noir se disant qu’il faut battre le fer quand il est chaud, se précipite chez ce dernier. Mais ce dernier est déjà mort et froid. Ce qui n’était pas prévu, c’est que le police est déjà sur place et l’Ange Noir est fait prisonnier. Son avocat lui conseille de plaider coupable, et de l’aider à s’échapper pendant la restitution. Sissy lui est d’un grand secours en mitraillant la police. Mais elle est tuée dans la poursuite en voiture qui suit.
Mais l’Ange Noir lui s’en sort, et parvient à s’échapper après moultes
complications, en particulier dans une conduite d’eau…
Et il se retrouve dans une luxueuse demeure, séduit la fille de la maison Maude Kerrer, dont le père est un très riche financier. Avant de partir il tue le fiancé de Maude, qui part avec lui.
Sur sa lancée, notre Ange tout noir qu’il est rend visite à son pire ennemi, l’autrichien Bessman… un autrichien roi de Chicago. Il bute deux de ses gardes du corps.
Cela tombe comme à Gravellote, souvent de manière gratuite.
Héros récurrent « L’Ange Noir » n’est vraiment pas un personnage recommandable, c’est la face sombre ou cachée de San-Antonio. Le premier est un truand, le second un policier exemplaire. Quelques points communs malgré tout, les deux sont des séducteurs hors-pair !
Donc beaucoup de personnages féminins, ici Sissy Mennberg qui commence la liste. Puis Maud Kerr, fille d’un riche financier. Puis une autre, Joan Moor, qui passât et trépassât en quelques pages… Ainsi va la vie et la mort dans le monde de « L’Ange Noir ».
Court roman, environ 140 pages, cela se lit bien mais sans plus. Beaucoup d’humour, des calembours pour donner un peu de légèreté à l’ouvrage.
Un livre de jeunesse, pourrait-on dire.
Extraits :
– Si jamais je m’en tire, c’est que le père Bon Dieu voudra prouver à l’humanité souffrante que les miracles sont toujours à la mode.
– Pour le dodo, elle est champion. Elle connaît des trucs qui flanqueraient de la virilité à la momie de Ramsès II, le plus, c’est sa raison sociale.
– Et quand l’Ange Noir devient pensif, c’est que son subconscient est en train de faire des heures supplémentaires.
– C’est une môme, et pour ne rien vous cacher, c’est la plus belle fille qu’une femme ait jamais mise au monde.
– Et vaut mieux pour ta santé qu’il morde dans l’astuce, sinon je vais te cloquer un tel paquet de ferrailles dans le buffet que tu deviendras aussi lourd qu’un scaphandrier.
– Je vous le redis, lorsqu’on pratique un turbin dans le genre du mien, ce sont des aléas auxquels il faut s’attendre.
– J’ai pensé aussi que la collaboration de quelqu’un de tout neuf n’était pas faite pour vous déplaire.
– Ma route, dans un sens – même dans les deux sens – c’est le Boulevard des allongés !
A retrouver avec d’autres chroniques sur : http://eireann561.canalblog.com/
On trouvera aussi une critique de ce roman écrite par Igor B. Maslowski dans Mystère Magazine n°60 de janvier 1953.
Curiosités: 1/ Le propriétaire des Editions de la Pensée Moderne n’était autre que Jacques Grancher, fils du célèbre Marcel-E. Grancher qui avait été l’artisan du démarrage de Frédéric Dard en tant qu’écrivain.
Cette maison d’édition a publié peu après au moins 3 livres de Frédéric Dard sous divers pseudonymes reconnus : Plaisirs de soldats en 1953, Guerriers en jupon en 1954 et Sergent Barbara en 1955.
2/ En argot, le boulevard des allongés est synonyme de cimetière. En argot de morgue, il s’agit de l’endroit où on entasse les morts à la morgue, appelé aussi corridor des frigorifiques.
3/ A la fin du livre, le 2ème épisode est annoncé pour parution sous le titre « Du plomb dans les tripes ». Ce titre sera finalement utilisé pour un San-Antonio qui sera publié en janvier 1953.