Nous sommes en 1954. Frédéric Dard, parallèlement à ses premiers romans noirs et à la création du Commissaire San-Antonio, est aussi un homme de théâtre accompli.
De son coté, après le phénoménal succès de « Touchez pas au grisbi! », redoublé par l’adaptation cinématographique de Jacques Becker, Albert Simonin vient de publier « Le cave se rebiffe », son deuxième roman à la Série Noire. C’est alors que Frédéric Dard, lecteur et admirateur, lui propose de l’adapter au théâtre.
Deux versions de ce travail à quatre mains sont conservées dans le fonds Albert Simonin. La première dactylographie contient le texte Frédéric Dard, que la main d’Albert Simonin a abondamment corrigé. Appliquant les méthodes d’adaptation éprouvées, Frédéric Dard resserre l’intrigue, met en avant les personnages du Dabe et de Lucien, et place l’histoire de faux-monnayage au coeur de la pièce. Celle-ci est découpée en trois actes : l’appartement de Max, le « clandé » de Marinette et l’imprimerie. La deuxième dactylographie contient le texte revu et corrigé par Albert Simonin. S’il colle davantage au roman et notamment au vocabulaire argotique, il s’engage résolument dans la voie initiée par Frédéric Dard : Le roman noir laisse peu à peu la place à la comédie policière.
Cette adaptation théâtrale, cosignée par Frédéric Dard et Albert Simonin, ne fut jamais représentée. Elle n’en garde pas moins une grande valeur : on peut en fait la considérer comme la version intermédiaire entre le roman et le film de Gilles Grangier (1961), dont Albert Simonin a coécrit le scénario avec Michel Audiard.
Ces deux textes ont été publiés pour la première fois dans la revue « Temps Noir » n°14, 2011.