Illustrations : Dubout
Sous-titre : La croisière du «MER D’ALORS »
Citations :
Je me réjouis que dans le grotesque, aux confins de la mort.
Céline
Le caméléon n’a la couleur d’un caméléon que lorsqu’il est posé sur un autre caméléon.
Cavanna
Dédicace :
A TATI et GUY JUVET,
en souvenir… de nos souvenirs.
S.-A.
Vous connaissez ma devise ?
Elle est la même que celle de Kennedy :
« Ne jamais se laisser abattre ! »
Voilà pourquoi, quand ça ne va pas,
je décide que tout va bien.
Et je pars en vacances avec Béru,
Berthe et le reste de la smala…
Tu m’accompagnes à bord du « Mer d’Alors » ?
Le Vieux réussit à convaincre San-Antonio, Bérurier et Pinuche d’embarquer sur le Mer d’Alors, un bateau de la compagnie Pacqsif, à la demande du PDG de celle-ci, Gaumixte. L’objectif est de résoudre les mystérieuses disparitions qui ponctuent chaque croisière du bateau. Afin de faire plus authentique et plus naturel, chacun embarque avec ses proches : San-Antonio avec sa mère, Pinuche avec sa femme, Bérurier avec sa femme Berthe et sa nièce Marie-Marie, tandis que le Vieux embarque son chauffeur et laisse à quai sa maîtresse et soi-disant nièce Camille. Embarque également le dernier amant en date de Berthe Bérurier, monsieur Félix.
L’enquête tourne d’abord à la catastrophe, puisque deux personnes disparaissent dès le premier jour de la croisière : le second du commandant et l’épouse du ministre de l’Intérim. Deux autres passagers sont également retrouvés assassinés. D’autre part, la discrétion est mise à mal par les scandales successifs menés par les Bérurier, au point que Gaumixte, excédé, finit par boucler tout le monde à fond de cale, dans la cellule des émigrants. Il faudra une brusque tempête et le bon sens de Marie-Marie pour que la vérité se fasse jour et que les disparus soient retrouvés.
« Voilà où nous en sommes. Jusqu’ici, nous nous sommes efforcés d’étouffer ces disparitions. Mais nous sommes à la limite du scandale. Ce genre d’affaires transpire. L’équipage bavarde. Bref, désormais, la grande presse est aux aguets. Quatre journalistes ont retenu des places à bord du « Mer d’Alors » pour la croisière d’après-demain. Qu’une nouvelle disparition ait lieu et c’est la ruine de notre prestigieuse maison.
Et alors ? Votre maman a un préjugé contre les croisières ? Elle connaît Istanbul ? Répondez, quoi, merde ! Parfaitement, c’est la grande virée qu’entreprend le « Mer d’Alors » ! De Casablanca au Bosphore en passant par l’Espagne, les Canaries, la Grèce éternelle, Chypre, les îles des Dieux, quoi, merde ! Le Parthénon, merde, c’est autre chose que la baie de Cannes ! San Antonio
Critique des Vacances de Bérurier
Lu vers mes 16 ans, relu dix ans après, le bonheur de parcourir ces pages est resté entier. Le lecteur prend coups sur coups avec ce titre qui fait la part belle aux délires du génial Frédéric Dard, ici écrivant sous son pseudo le plus connu, San-Antonio. Sorti en 1967, ça n’a quasiment pris aucune ride. Le scénario et le vocabulaire, excessifs, sont presque intemporels.
L’histoire est plutôt marrante, avec nos héros et leurs compagnons (la Pinuche, Béru et son énorme épouse, accompagnée du fétiche Félix, Marie-Marie, le boss,…) installés dans le Mer d’Alors (superbe paquebot) pour comprendre comment des passagers y disparaissent. Très vite à cause de Béru (la scène du diner est mémorable) les protagonistes deviennent personae non gratae (ça passe ce pluriel en latin ?) et sont enfermés dans les cales, jusqu’à ce qu’ils en sortent et se mettent au boulot.
Avec San-A, ce sont toutes les péripéties secondaires qui envoient du très lourd : Félix et son zob de taille inhumaine qui créé une lucrative entreprise d’exhibition, Béru qui devient propriétaire du navire, le PDG de la société qui est plus que de raison au désespoir, rien que le match de tennis du début est à se taper sur les cuisses. Imaginez, le roman commence par cette phrase qui annonce la couleur :
Vous connaissez tous ma devise ? Elle est la même que celle des Kennedy : « ne jamais se LAISSER ABATTRE ! »
Je pourrais en reproduire des centaines d’autres de cet acabit, hélas ce n’est pas le but de ce site. Néanmoins, dans les Sutras du Tigre, vous pourrez glaner ici et là quelques tournures de phrases empruntées au style de cet auteur. En conclusion, le meilleurs moyen de commencer San-Antonio. Si cette saga ne vous dit rien lisez au moins ce titre, condensé de ce dont est capable l’écrivain.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
L’excès. Ce qui marque dans Les vacances de Bérurier, ce sont les nombreuses désopilantes digressions que nous offre Dard. Jamais longues, toujours corrosives, ça se lit avec une parfaite fluidité. Parlons-en, du style de l’auteur : il peut vous balancer une phrase avec quarante verbes (dont vingt inventés) synonymes pour exprimer une idée ; faire parler un protagoniste (Béru ou le PDG) sur deux pages avec une intensité drolatique crescendo ; s’étendre sur des scènes (de cul, de repas qui se termine en mer de vomis) en usant et abusant de métaphores et autres figures de style, bref impossible dans la vie réelle de rencontrer de tels individus. « Et c’est bien dommage ! », se défend l’auteur dans une très courte préface.
L’humanisme. Derrière les culbutes et calembours de San-Antonio (héros narrateur auquel Dard s’identifie) se cache une philanthropie que je qualifierai de « tendre ». Si les personnages nous font autant rire, c’est qu’ils sont désespérément humains : les traits sont certes grossis à l’extrême, mais c’est pour mieux nous montrer les défauts (et qualités) de chacun. [Attention SPOIL] A ce titre, le fin mot de l’histoire est assez beau : il s’agirait (si Le Tigre a bonne mémoire) en fait de disparitions volontaires de la part de personnes souhaitant prendre leur distance avec la civilisation [Fin SPOIL].
…à rapprocher de :
– Sur le vocabulaire délirant, peu d’égaux du père Dard. Arnaud Le Guilcher a quelques jaillissements du même genre dans son roman En moins bien.
– La fin est assez proche que celle du film San-Antonio de 2004. Qui est un nanard pur carat au passage. Une catastrophe dont les scientifiques s’étonnent encore.
Critique de Le Tigre 24 janvier 2013
Une croisière de rêve
Notre S.A est en vacances avec Félicie en bas de la France en côte-d’azur. Nous retrouvons notre san-antonio sur le terrain de tennis, en plein match. Je ne vous dirai pas si il gagne ou perd. Je vous laisse la surprise. Imaginer que le dirlo pousse avec fourberie le pauvre San-Antonio à accepter une affaire et que lui même veut y participer. Vous trouverez ça bizarre. (Je vous comprends) mais parlons de l’affaire en question. Quatre disparitions mystérieuses sur le paquebot « mer d’alors ». le pdg de la société de vacances invite tous les policiers et leur famille. Pour résoudre l’affaire le plus rapidement possible et bien sûr en tout discrétion. pourquoi ne pas inviter les béruriers. en plus ils sont en vacances pas très loin. nous ferons la rencontre de monsieur félix un professeur. qui va très vite devenir le protégé de Berthe. mais les béruriers ne peuvent pas partir sans leur nièce marie marie. elle est en guinguette avec les pinauds. imaginez tout ce beau monde sur le paquebot et à la grande surprise un ministre qui s’invite pour quelques jours de vacances. et pour détendre le tout deux disparitions le premier jour. si vous voulez découvrir le monde de san-antonio. je vous conseille de commencer par celui-là. Vous avez tous les jeux de mots, les frasques Béruriennes et j’en passe. Si au bout d’une centaine de pages vous êtes hermétiques alors passez votre chemin vous n’êtes pas fait pour ce monde littéraire loufoque.
Critique par Lilule, le 15 novembre 2014