La cinquième dimension

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Auteur(s) :

Epoque(s) :

Edition : Fleuve Noir

Dépot légal : 3ème trimestre 1969

Imprimeur : imprimerie Artistique de Monaco

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La cinquième dimension backCollection Angoisse n°165.
Illustrateur 1er plat: Michel Gourdon

Dédicace :
A Jacques UHLER.
Noble compagnon en Saint-Hubert.
Avec toute mon amitié.
M.G.P.

On va d’abord démarrer par une critique négative, que je ne partage absolument pas, mais n’étant pas pour la censure, je la publie quand même.
On se demandera, sans doute, comment un tel livre a pu passer le cap d’un comité de lecture. Qu’à cela ne tienne, l’auteur et l’éditeur, de concert, vont nous le faire savoir. En premier lieu, par un avertissement placé au dos de la couverture et qui nous affirme que Marcel Prêtre dispose d’un passé de cinquante romans policiers. De surcroît, Frédéric Dard-San Antonio aurait dit de ce Suisse qu’il était « le plus français de ses amis ». Nous voilà donc rassurés, l’auteur est bien introduit. Mais lui-même achève de nous convaincre par un procédé digne de son génie.
En baptisant les héros de son pseudo-roman de noms ô combien évocateurs – Frédéric Bard ou Armand de Camare, par exemple –, le Prêtre réussit son habile exorcisme. Aucun doute ne peut subsister. Et il n’est plus nécessaire de rechercher dans le texte ce qui aurait bien pu envoûter le susdit comité. (Ceux qui n’auraient pas compris sont priés de se reporter à leur Fleuve Noir habituel.)
Toutefois, comme il faut bien achever ce qui a été entrepris, nous dirons tout de même deux mots de cet ouvrage. L’histoire… ou plutôt l’absence d’histoire se déroule en Sologne, en décembre, par temps de froidure et de pluie. (Où sont les Seignolle d’antan ?) Après une journée de chasse, nos héros s’en retournent au logis quand le pépin arrive, caractérisé par l’enlisement de leur véhicule. Qu’à cela ne tienne, le domestique ira chercher de l’aide et l’auteur, pendant ce temps, pourra expédier nos personnages vers le signal qui perce la nuit : un château inhabité qui semble avoir retrouvé un habitant.
Mais l’esprit inventif de Marcel Prêtre ne s’arrête pas en si bon chemin. Une fois réunis au château, nos charmants héros vont nous conter chacun leur petite histoire. Et alors… alors, c’est du délire. Les poncifs se succèdent, s’enchevêtrent, s’amalgament. On devine l’écrivain saturé d’Andersen, Perrault ou autres frères Grimm. La digestion s’est avérée pénible. Nous avons là le triste produit du lent travail organique. C’est la flûte enchantée, doublée d’un transfert temporel avec les trois vieux de rigueur ; une auto 1900 qui revit et, avec elle, la vieille propriétaire défunte ; et n’oublions pas le portefeuille dont l’unique billet se trouve indéfiniment remplacé. Bref, il ne manque au tableau qu’une adaptation de « l’homme-de-la-misère qui a autant-d’enfants-que-de-pierres-dans-son-champ ». Gageons que notre Prêtre comblera bientôt cette lacune.
Jean-Pierre FONTANA

Et voici deux autres points de vue dans lesquels je me retrouve.

La cinquième dimension présente plusieurs points d’originalité : d’abord c’est (au moins dans cette collection Angoisse) le seul ouvrage fantastique de l’auteur, qui est un prolifique écrivain de polars, ensuite c’est sans doute le seul « Angoisse » qui se présente comme un recueil de nouvelles. Bien sûr, l’auteur triche en ce sens que les dites nouvelles sont des récits que se racontent les participants d’une soirée de chasse réunis dans un lugubre château au sein d’une Sologne pluvieuse, mais l’effet est bien le même. Si l’on passe sur les clins d’œil (il y a un auteur nommé Frédéric Bard, et un certain Armand de Camare : Armand de Caro, directeur des Editions du Fleuve Noir dans les années 60), l’ouvrage est agréablement écrit (ce qui était rien moins que courant en « Angoisse »), et les récits successifs, cinq, qui sont tous de classiques histoires de fantôme ou de disparition, nous titillent gentiment les neurones, surtout la dernière, la plus longue, basée sur le traditionnel amour fou pour une disparue qui a encore de la chair sur le squelette. En somme un « Angoisse » en marge, feutré et climatique, qu’on découvrira avec plaisir.
Jean-Pierre ANDREVON

C’est un ouvrage amusant puisque d’entrée de jeu, les références à Frédéric Dard et à son univers familier sont explicites.
Par sa forme, et par son contenu, l’ouvrage ressemble aux Histoires extraordinaires d’Edgar Poe, du moins dans sa version cinématographique qui est une série de trois sketches signés Louis Malle, Roger Vadim et Federico Fellini. La couverture de Gourdon est d’ailleurs une copie de Jane Fonda qui interprétait dans le film Histoires extraordinaires la comtesse Federica dans Metzengerstein.
Il y a cette même part de rêve et de promenade à travers le temps, comme il y a la même façon de manier l’insolite.
Ces histoires assez courtes s’organisent subtilement autour d’une partie de chasse qui réunit, comme dans un conte de Maupassant, les hommes entre eux. Entre rêve et réalité, elles introduisent à la notion de courbure du temps où les différences entre la vie et la mort, le rêve et la réalité s’estompent. Elles sont de taille et de qualité inégales, un peu comme si Dard avait refourgué un ensemble de nouvelles et qu’il les ait organisées autour de cette partie de chasse pour leur donner un fil conducteur qui le désigne explicitement comme l’auteur du livre. Elles sont globalement d’une meilleure tenue que celles que Dard publiera quelques années après sous son nom avec le titre générique Histoires déconcertantes.
La première histoire renvoie directement à l’enfance de Dard et à ses expériences malheureuses d’écolier moqué par ses condisciples pour sa chétivité.
La seconde histoire est censée être racontée par l’éditeur Armand de Camare (note du rédacteur : comprendre Armand de Caro) et se passe à Courchevel, avec comme personnage secondaire le fille de celui-ci Françoise – qui bien entendu dans la réalité est la deuxième femme de Dard.
Elle met en scène un personnage frustre La Bouteille qui a trouvé un portefeuille magique.
Armand de Camare apprend l’existence de La Bouteille par un avocat avec qui il fait une course de ski, course qui se retrouve presque sans changement dans « La fin des haricots » de San-Antonio.
La nouvelle suivante est racontée par l’autre éditeur Sven Jensen (note du rédacteur : comprendre Sven Nielsen PDG des Presses de la cité qui a racheté le Fleuve Noir). Cette nouvelle met en scène une ancêtre très riche et une Rolls-Royce. L’argument est très proche de celui d’une autre nouvelle signé de Dard, « Le grand amour », publiée ultérieurement dans le recueil Histoires déconcertantes et dans laquelle la Rolls-Royce jouera aussi un rôle décisif.
La quatrième histoire a pour héros un écrivain célèbre qui, lors d’une nuit de Noël, va pénétrer dans un château mystérieux délabré qui va s’animer soudainement. La mélancolie de cette nuit de Noël, faite de solitude, rappelle aussi bien « Le Monte-Charge » que l’ouvrage de Murelli « Les noirs paradis ». La fin de l’histoire laisse entendre que celle-ci a peut-être été rêvée avant que l’écrivain ne meure dans un accident de voiture. Idée qui a déjà surgi sous la plume de Frédéric Charles dans « La maison de l’horreur « et sous celle de Frédéric Dard dans « Coma ».
Pourquoi avoir signé cet ouvrage assez sage du nom de Marcel G. Prêtre ?
Pour réfuter nos hypothèses, on pourrait avancer l’idée que Prêtre connaissait très bien Dard et qu’il a utilisé ce qu’il savait de lui et de sa vie pour construire un récit original. Mais il y a deux objections fortes à cela : la première est que ce « Prêtre » là est écrit très différemment des Prêtre non identifiés comme étant de la plume de Dard, on voit mal Prêtre s’appliquer jusqu’à recopier les tics d’écriture de Frédéric Dard ; la seconde est qu’un personnage aussi encombrant et égocentrique que Prêtre n’aurait jamais mis en scène un autre personnage réel que lui-même.
Cet ouvrage est considéré comme un des meilleurs de la collection « Angoisse ». C’est en tout cas parmi ce que Dard a écrit de mieux et de plus soigné dans le genre.
Commentaire d’Alexandre Clément (extraits de son livre Frédéric Dard, San-Antonio et la littérature d’épouvante)

Je partage entièrement le point de vue d’Alexandre Clément quant à la qualité de ce livre qui m’a bien plu et je n’ai pas de doute qu’il ait été bien écrit par Frédéric.
Pour terminer, j’ai appris d’un grand connaisseur et collectionneur de Frédéric Dard qu’il possède cet ouvrage dédicacé de la main de Frédéric.

Cet ouvrage a été réédité au Fleuve Noir en 1984 en tant que n°151 de la collection « Horizons de l’au-delà » .

 

 

 

 

 

 

 

Curiosité : Un roman éponyme écrit par François Bansard est sorti en juillet 2013 aux éditions La Compagnie Littéraire.
Quatre amis Quatre destins entrecroisés. Une voiture un accident.
Et rien ne sera plus jamais comme avant. Grandir. Pardonner. Accepter. Trouver sa voie. Choisir sa foi. Aimer.
Au cours de ce récit vous découvrirez comment quatre adolescents insouciants Gaëlle Agnès Julien et Kadour sont devenus adultes.
C’est un voyage initiatique passionnant.
Un voyage dont on ne revient jamais. inchangé.
Le bonheur est un ange au visage grave disait Amedeo Modigliani.
Dans La Cinquième dimension François Bansard nous dépeint avec talent un monde où l’amitié dépasse les croyances religieuses et les aléas de la vie.
C’est un roman d’aujourd’hui empreint d’une grande tolérance survolé par ce bel ange au visage grave.

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